Je n'ai jamais vraiment su d'où tu venais, quels chemins tu avais du emprunter. Il t'avait fallut plusieurs trains, voilà ce que tombant péniblement de tes lèvres, aux détours de certaines phrases, j'avais pu raccommoder de ton histoire. Des trains pris au hasard et qui, de gare en gare, t'avaient fait échouer là. Tu étais descendu de ton dernier wagon, avais fait quelques pas. De l'autre côté du quai une nouveau train t'attendait, mais il n'y avait rien de plus là-bas à aller chercher, tu venais de l'accepter. Fatigué soudain de tout ces espoirs remis à demain. De ces paysages qui filent sur les vitres, de tes yeux incapables de les retenir...
Tu regrettais parfois de ne pas avoir poussé le voyage un peu plus loin. Jusqu'à la mer au moins. Mais tu ne regrettais jamais longtemps, c'est un loisir de riche que d'être pour soi complaisant. Et s'il t'arrivait encore bien souvent de venir humer près de la gare l'air des départs, ceux des autres te suffisaient, les tiens, tu le savais, ne te menaient nulle part.
Tu t'asseyais alors sur le quai et les regardais, ceux qui avaient leurs billets. Ils parlaient, pleins de sourires, de la liberté fraîchement étiquetée sur leurs valises. Ils n'en finissaient pas de partir, aucun jamais ne parlait de revenir, toi qui crevais de ne pouvoir le dire. Tu restais jusqu'à les voir monter, photographiais leurs visages. Dans une semaine, deux peut être, tu les reverrais, tu le savais, de l'autre côté du quai. Et à les avoir ainsi accompagnés, tu pouvais alors à ton tour t'en aller, même si tes voyages à toi désormais ne se résumaient plus qu'à marcher jusqu'au bout de la voie et, dans les toilettes, piquer ton bras. C'était ça, rentrer chez toi.
photo : Sébastien Tabuteau
5 commentaires:
J'aimerais entendre ce que tu imagines qu'il raconterait de toi dans ce temps là. Comme une deuxième série. Même si tu juges impossible de parler à sa place (mais je n'en sais rien). mais d'une certaine manière c'est que tu fais. tu le fais parler, vivre, se raconter.
T'es tu absentée en lui ? T'a-t-il toute absorbée ? Qui étais-tu ?
(Le rossignol)
Ah, j'oubliais :
je t'embrasse fort. Bien évidemment.
Le rossignol
Rossignol, sait on jamais ce que l'Autre pense de soi? Non... Et,ce n'est pas ici je crois que je réinventerais cette donne...sourire.
Qui étais-je? Je ne peux véritablement te répondre non plus. J'avais un égo disipé alors et tente de le garder encore un peu. Sache juste qe je n'ai pas été "bouffée, au contraire je me suis nourrie comme jamais cette vie, je crois, ne me laissera le temps de pleinement le réaliser.
Je t'embasse.
Il y a toujours tant de douceur dans votre regard posé sur les choses, les êtres!
De la douceur et aussi beaucoup de mélancolie. Celle qui fait écho et réunit malgré la distance. Mais celle qui nous éloigne un peu du désespoir, peut-être ? Alors, merci !
Hérissone malgré elle.
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