Lacho drom mur pral

Lacho drom mur pral ...Tu avais lancé ça bien haut dans le ciel en leur faisant signe de loin. Debout sur le muret qui surplombait une partie de la ville, on pouvait les voir sur la route en contrebas. Une dizaine de caravanes reprenant le chemin. Tu les bouffais littéralement des yeux. Sans doute les enviais tu un peu.

- Ça veut dire quoi ?
- C’est juste pour leur souhaiter bonne route
- Ah…

Tu avais ri bien fort, te moquant de ma mine soudain songeuse …était ce donc de là que tu venais ?
J’avais mille questions, mais tu n'allais répondre à aucune, je le savais. Mais qu’importait, j'avais appris que le passé est un miroir sans taint derrière lequel tu n'avais pas envie de te montrer. Et puis, j'étais curieusement heureuse. Heureuse de cette langue d’ailleurs entre tes lèvres. Elle avait quelque chose de salé en elle, salé comme les embruns, ceux de la mer que tu rêvais un jour de voir. Et elle était soudain là , tapie dans tes gènes, dans ton sang peut-être, à rouler ses accents dans ta gorge. Elle t'avait retrouvé.
La file de caravane disparue au loin, tu avais sauté en bas du muret et m’avait aidée à en descendre à mon tour.
- Isch scamene !
Ta langue, colorée comme une photographie jaunie, avait claqué une nouvelle fois dans l'air en même temps que ton baiser sur mon front. Je n’appris que bien plus tard ce qu'elle signifiait, convenant que ce présent valait bien un passé que je ne saurai jamais.

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