Quand mes lèvres ne brûlent plus...

En ce début de semaine, j'ai dîné avec un ami de passage dans une brasserie sympathique du centre ville. La conversation fut filante, il n'y eut même pas un vœu à faire pour que le soirée se passe et soit des plus agréables. Puis, par je ne sais plus quel détour, nous en sommes arrivés à toi. Chose étrange, je n'ai pas esquivé cette fois le face à face. J'ai parlé. Pas beaucoup certes, mais j'ai parlé. C'était somme toute la première fois.

Devant deux assiettes rebondies, deux verres de vin remplis, sur une jolie nappe blanche, entourés que nous étions de gens banals, biens sans doute, quoique je n'en sais rien et que ce soit sans aucune importance, bref... entourés que nous étions de gens, j'ai prononcé ton prénom. Je me suis entendue l'articuler, puis enchaîner des phrases avec toi pour sujet. J'ai entendu ma voix. Un peu froide, un peu mécanique, débitante d'informations. Je n'ai pas habité ces phrases, j'étais juste derrière, un peu en retrait. Je ne t'y ai pas vu non plus. Je m'en suis un peu voulue. Pas après. Non, pendant. Pendant que je débitais ces phrases. Je m'en suis voulue de laisser ces coquilles de mots vides, comme démoellées, mais plus tard dans la nuit, je me suis trouvée quelques excuses. Après tout j'avais parlé! Mal et, au fond, pour ne rien dire c'est vrai... mais j'avais parlé! Et rien en moi ne s'était fissuré. Et, plus surprenant encore, en face quelqu'un avait entendu. Écouté même je crois.

Je ne sais pas si c'est bien de parler enfin. Je crois de toute façon que de cette notion on se fiche complètement. Mais je crois qu'il est bon de ne plus avoir peur de toi. Je crois que le temps est juste venu de continuer...

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Cécile a parlé!....sans se fissurer..
"écouté même je crois"...je suis sure que oui, moi! que tu as été écoutée par une oreille attentive et respectueuse, c'est sur.
oui, je crois aussi qu'il est bon de ne plus avoir peur de Lui et que c'est ce qui te libère et te permet de continuer....c'est "peut-être" aussi et "sans doute" ce qui le libère également et lui permet de s'élever plus haut, toujours plus haut...
je suis très contente de ce que tu as vécu là, et que tu partages avec nous..contente pour Toi Cécile.
Paulette

Christian a dit…

N'est-ce la langue, mais aussi les lèvres et les prunelles qui prononcent un nom ?

L'autre y est, je crois... je suis sûr, attentif en vis-à-vis.

Anonyme a dit…

Essayer de faire "revivre" par l'écrit un être disparu n'est pas sans risque : peu à peu, le langage nous détache de lui ou, pour être plus exact, il sort de nos "entrailles" et reprend sa liberté (on aimerait le garder en soi, n'est-ce pas). Bref, on accouche.

Cet ami, j'en suis sûr, a écouté ce que tu disais (et il a probablement rapproché ce prénom d'un saint que les hommes d'église, parfois, aiment emporter partout avec eux).

Bonne soirée Cécile. Je t'embrasse. Gilles.

sophie a dit…

le ton détaché que l'on peut avoir lorsque l'on parle de personnes et d'évènements qui nous ont profondémment touchés, c'est encore un moyen de se protéger de ce qui nous touche toujours et est encore très présent et douloureux c'est un petit pas en avant...mais ça vient....