Voilà quelques semaines déjà que j'ai écrit ici la première lettre. Ne me demande pas si je sais un peu mieux désormais où cela nous mène...
Je pensais qu'ils seraient peu nombreux à lire ces mots. Mais je les entends et leur rumeur doucement augmente. Ce qu'ils voient, je ne le sais pas vraiment... A leurs yeux peut être es tu en train de devenir un de ces personnage de fiction dont on suit les aventures, commente les circonvolutions. Certains d'ailleurs saluent même mon imagination, trouvent que tu ne manques pas de gueule en héros empli d'émotions. Héros, tu te rends compte?! Nous voilà dans le pire du pire, plantés comme deux potiches à sensations! Ta réalité, une fois encore, glisse sur leurs paupières sans accrocher une seule bouffée d'air. Parce que je dis mal, pour mieux digérer, ils en sont réduits à t'artificialiser. La boucle est ainsi bouclée... Mais sur quoi, dis moi?
Sens tu comme on est en équilibre, à cheval sur le vice? On pourrait le pousser un peu plus, faire de toutes les images qui ont fané ton iris des cartes postales pour touristes. Ce serait facile de glisser, de, s'en vraiment s'en rendre compte, tomber dans le sensationnel bon marché. On pourrait même y aller avec sincérité, sans faire exprès. Il y a de quoi les faire pleurer tu sais, s'émouvoir, s'attendrir, s'indigner. Il n'y a même pas à forcer le trait, juste se retourner, raconter.
Et alors ta vie se résumerait à un illustré, un précipité. Tu deviendrais image à montrer après avoir été si longtemps image effacée...
Et alors j'aurais bien échoué...
Tu vois, je ne sais pas où tout ceci va nous mener, c'est vrai, mais je sais où il ne nous faut pas aller. Ta place n'est pas en tête de gondole des histoires tristes à chialer. Tu les aurais tous mouchées. Et la pitié, mon dieu, n'a jamais rien évité. A l'indifférence elle substituerait l'ennui. On pleure et on oublie.
Il ne suffit pas d'exposer ma mémoire, il faut creuser un passage. Le noir aveugle d'abord, puis, petit à petit, le regard se console. Aux angles aigus, il apprend à se cogner et ensuite à distinguer. Pour voir parfois, il faut renoncer à regarder.
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Aujourd'hui, mes mots se cognent, mon encre accroche le noir et les regards. Mais demain...? Demain je trouverai peut être la couleur manquante et la cheville désemplâtrée où t'articuler...
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