La fenêtre ouverte grande sur la nuit ne souffle pas un maux. Assise au milieu du lit, je fume une cigarette. Je regarde la place vide à côté de la mienne. Cette absence que l'on renouvelle sans trêve. Ces peaux que l'on colle à la sienne. La tienne.
Je pense à ce lit que nous n'avons jamais partagé. Entre des draps frais aurais tu trouvé un peu de sommeil?
Je repense aux nuits à la belle étoile quand l'urgence cachait la lune. Quand les réverbères sur le trottoir brillaient comme des veilleuses oubliées. Quand, la tête posée sur le bois dur d'un banc un peu renfoncé, on attendait je ne sais quel signe... Ne pas fermer les yeux tout de suite. L'espace d'un instant espérer n'importe quel changement. Se dire alors que tout ceci au fond n'est pas vraiment possible. Au chien et loup du supportable, se penser encore capable de croire. Croire à ce lit, quelque part. A cette place.
Et au final, sur ce banc, se tourner à gauche, à droite, trouver la position la plus adéquate, les bras pliés sous la joue se rendre...
Se rendre à l'évidence, se rendre à son enfer, se rendre à sa vie. Parce qu'ici, attendre l'éclaircie c'est mourir. Parce qu'ici, il faut d'abord mourir pour oser vivre.
photo : place du Minage - Angoulême
5 commentaires:
Je ne sais pas trop quoi dire, mais j'imagine pourtant que si vos mots sont là, à lui redonner vie, c'est pour enfin entendre nos voix lui parler.
Mais on ne sait pas articuler nos peurs, nos malaises, nos nausées... On reste muet, pas de l'indifférence mais du vocabulaire qui nous manque.
S'il nous apprend, grâce à vous, à l'entendre, alors peut être que nous saurons enfin lui dire qu'il vallait sans doute beaucoup plus que nos yeux fermés.
Je vais moi essayer...
Je me demande souvent où nous puisons la force pour survivre à nos épreuves ? Dostoïevski aurait donc pensé juste quand il a dit que pour écrire bien, un écrivain véritable doit avant tout souffrir, "souffrir beaucoup" ?
comme le dit si bien Christine, pas de l'indifférence, non, surtout pas, juste du vocabulaire qui manque, oui.....
merci pour Lui merci à Toi.
Paulette
Vous lire est en effet important. Merci.
Je souffre donc je suis!En effet tout est dans la souffrance. Une phrase qui me plait beaucoup: "un homme à qui rien n'est arrivé n'a pas d'histoires à raconter!"
Bravo, j'admire tes textes!
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