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Il y avait, je me souviens, en contrebas du rempart où tu aimais aller, un vieux mur éboulé. Les ronces y avaient élu domicile et, piquées dans leurs dédales, quelques fleurs pâles y tremblotaient comme des petites filles. Il n'y avait souvent rien à faire, si ce n'est attendre le soir, les cueillir devenaient alors un jeu que tu prenais très au sérieux. En te regardant, je pensais à ces condamnés qui, jusqu'à l'aurore, passent leur nuit penchés sur des travaux futiles. Pensais à l'importance des choses dont ils ont du réinventer les degrés pour, au moins jusqu'à cette fichue aube, ne pas donner trop prise à leur réalité...
Pour ne pas risquer d'abîmer ne serait ce qu'une de ces fleurs, tu relevais ta manche haut sur ton coude et refermais sur elle délicatement tes doigts. Ils ne tremblaient bizarrement pas quand tu la ramenais ainsi encagée, écorchant aux ronces, et jusqu'au sang, ton bras. Lorsque tu rouvrais ta main, elle se dépliait à peine froissée de son voyage. Le rose pâle de sa robe avait même pris quelques éclats appuyée à ta paume. Mais, piquée dans mes cheveux ou à la boutonnière de ton pull, elle fanait bien vite l'emblème de ta lutte. Tu ne pouvais pas indéfiniment la préserver des odeurs plus tenaces. Du sillage de son parfum ne restait alors plus sur ton bras que quelques écorchures rosées et nos sourires tombant à plat.
Aujourd'hui , quand sur une table ou ailleurs, je vois de ces bouquets de roses au nez levé, un peu orgueilleux, un peu trop bien fait, je regrette les ronces et les peaux égratignées. Je regrette le temps de leurs victoires sur les odeurs de pisse et de trottoirs.
4 commentaires:
Somptueux et envoûtant.
Merci Cecile.
Juste qq petites inattentions: es-tu, peut-être, saluons-nous, des petites, Tu pensais, serait-ce, ronces ton bras jusqu'au sang, une table.
Le texte mérite que je les cite.
sourire...Merci, je vais les corriger oui. Je ne prends jamais le temps de me relire, c'est mon défaut
Je vous suis. Je vous lis. Je commence à voir. Je n'ai plus pitié...
Merci
Alors là, Christine, je suis heureuse.
"Je n'ai plus pitié"... cette affirmation est de celles que j'espère voir naitre oui. Une des réalisations auxquelles aspirent ces lettres.
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