Je ne me suis jamais prostituée et je l'ai longtemps regretté. Du même regret qui prend peut être le nouveau-né à l'idée de ce cordon qu'il n'a pas pu lui même trancher. Il en faut des dents bien accrochées pour découper dans l'image de soi que l'on a tant de mal à entailler. Cette image qui parfois nous retient un peu trop, et sans doute aussi nous éteint. Ces trottoirs pourtant, où je me suis soigneusement évitée, je les ai, à côté de toi, arpentés. Et, à tout dire, mes premières gouttes de sperme c'est à la commissure de tes lèvres que j'y ai goûté. Mais c'était alors facile de donner à cette nausée la caractère manquant pour la légitimer, l'excuser. L'Autre a toujours les épaules plus hautes, aussi hautes que l'estime que l'on sait s'accorder. Il y aura toujours, de nous à l'Autre, un corps de trop, un étranger.
Alors, longtemps je m'en suis voulue oui. De ne pas être tombée, de m'être aimée. De ne pas avoir su briser mon corps, de sa victoire sur moi, toi, nous.
De ne pas l'avoir "sacrifié ".
Et puis le temps est passé... et je n'ai plus regretté cette majuscule avortée. Sans doute aurait elle pour longtemps éclairé mon front, les sacrifices rendent toujours un peu plus important. Mais on ne sacrifie jamais qu'à soi. Et à l'Autre on laisse tout le poids.
Et puis le temps est passé... et je n'ai plus regretté cette majuscule avortée. Sans doute aurait elle pour longtemps éclairé mon front, les sacrifices rendent toujours un peu plus important. Mais on ne sacrifie jamais qu'à soi. Et à l'Autre on laisse tout le poids.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire